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Sophie Bessis, Histoire de la Tunisie.

Sophie Bessis, Histoire de la Tunisie. Publié le 24/06/2020

En 2020, le Club Lecture de l’AAFU change de visage et de format. En alternance avec le Club Mémoire & Avenir, ce club propose une rencontre avec un(e) auteur(e) d’un ouvrage récent (roman, essai, témoignage…) avec, le plus souvent, une ouverture sur l’actualité internationale. C’est Sophie Bessis, historienne franco-tunisienne, avec son Histoire de la Tunisie. De Carthage à nos jours, qui a été la première invitée le 21 janvier dernier, en présence de l’Ambassadeur de Tunisie auprès de l’UNESCO

C’est la géographie qui « fait » l’Histoire. L’histoire de la Tunisie en est une magnifique illustration.

La singularité géographique de ce petit pays, par rapport notamment à ses voisins de l’Ouest (Algérie, Maroc), c’est sa large ouverture sur la Mer méditerranée avec 1 200 kilomètres de côtes. D’où sa première constante : son inscription dans les réseaux d’échanges méditerranéens, qui fit de ce territoire de 154 530 km² un lieu de cosmopolitisme et de foisonnement. Foisonnement de peuples, de mœurs, de croyances…

Point de contact entre l’Afrique et l’Europe, cette terre était vouée à un destin historique. Dès le Néolithique, on trouve des traces des Afri (habitants du continent africain, en latin), au cœur de la Tunisie, avant l’arrivée des navires phéniciens et la fondation de Carthage (vers 814 av. J.-C.). La richesse de la ville et de sa région ne pouvait échapper à la volonté expansionniste des Romains. Puis, cette terre si convoitée subit les occupations vandale et byzantine, avant de devenir arabo-musulmane dès la fin du 7e siècle, et jusqu'au 19e siècle. La France coloniale fut la dernière puissance occupante avant l’Indépendance de 1956.

Sophie Bessis a été interrogée sur « l’obsession » réformatrice du Président Habib Bourguiba (1903-2000), notamment en direction des femmes et des écoliers, qui reste dans toutes les mémoires. Cette politique a été poursuivie dans les toutes premières années de la présidence de Zine-el-Abidine Ben Ali de 1987 à 2011, qui s’est, ensuite, appuyée sur le régime autoritaire du parti unique mis en place par le fondateur de la Tunisie moderne. La corruption de son clan et les dérives de toute sorte ont été sans doute un élément déterminant dans l’éclosion du premier Printemps arabe.

À ce propos, l’auteure précise : « Je ne sais pas quel sera le destin de cette révolution qui a débuté en 2011 et qui n’est pas encore terminée, neuf ans après son déclenchement. Les historiens de demain pourront toutefois écrire que 2011 fut un épisode très important, car quelles qu’aient été les tragédies qui ont suivi, il a inauguré un moment historique dans l’ensemble du monde arabe et pas seulement en Tunisie. Le monde arabe essaie de sortir de sa gangue autoritaire et dictatoriale. Les révolutionnaires tunisiens ont incarné une nouvelle aspiration à la citoyenneté dont on voit aujourd’hui les répliques en Algérie ou au Soudan. La Tunisie a ceci de particulier, du moins pour l’instant, qu’elle est le seul pays où le surgissement citoyen ne s’est pas soldé par un épouvantable échec. »

Sans doute, le foisonnement des peuples et des croyances durant trois millénaires et une solide tradition d’ouverture aux cultures et une jeunesse – filles et garçons – scolarisée expliquent en grande partie cette « révolution ». À l’issue de cette « heure » passionnante, chacun saisissait bien que c’est vraiment la géographie et l’histoire qui permettent de mieux comprendre la géopolitique actuelle de la Tunisie.

Patrick Gallaud

Sophie Bessis, Histoire de la Tunisie.

Sophie Bessis, Histoire de la Tunisie. De Carthage à nos jours, Paris, Éditions Taillandier, 2019

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