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Une heure avec Thomas Gomart autour de son dernier livre « Guerres invisibles, nos prochains défis géopolitiques » (réunion zoom du 9 février 2021)

Une heure avec Thomas Gomart autour de son dernier livre « Guerres invisibles, nos prochains défis géopolitiques » (réunion zoom du 9 février 2021)Publié le 05/03/2021

Le 9 février dernier, le club « un auteur, un livre, une heure » a organisé une réunion virtuelle en invitant Thomas Gomart, directeur de l’Institut français de relations internationales (IFRI), auteur de « guerres invisibles, nos prochain défis géopolitiques »

« Face à un choix presque infini, pourquoi l’homme s’empêtrerait-il dans sa propre toile d’araignée en se limitant à la force armée et au domaine militaire pour conduire la guerre ? » écrivaient en 1999, dans « la guerre hors limites » Qiao Liang et Wang Xangsui, deux officiers chinois listant alors 24 types de guerre possible (du renseignement, financière, écologique, commerciale…). C’est en écho à cet ouvrage que l’auteur a écrit cet essai.

Pour comprendre les défis géopolitiques d’aujourd’hui, il faut prendre en compte les nouvelles conflictualités, visibles ou invisibles, visant à contrôler les « nœuds névralgiques »que sont les « espaces communs » tels que la mer, l’air, l’espace exo-atmosphérique mais aussi la datasphère. Rendre visibles les mécanismes invisibles de la compétition des puissances est l’objet de cet essai. Et l’auteur de souligner le « basculement thalassocratique » de la Chine, soucieuse de contrôler des espaces marins, achetant des ports et installant des bases, cette démarche appuyée et soutenue par leur très haute maîtrise du numérique.

C’est aussi de basculement dont il faut parler à propos des chiffres de la capitalisation boursière de juin 2020 : 7 168 milliards pour les sept majors du numérique, 2 465 milliards pour les 6 premières compagnies pétrolières. Commentant ces chiffres, Thomas Gomart a souligné que la Chine détient quatre des sept entreprises numériques, et les États-Unis trois en rappelant que le pétrole est, par définition, une ressource finie à la différence du numérique, par essence infini.

Faut-il alors imaginer une nouvelle guerre froide sino-américaine ? Et si oui, quelle serait « la mère de toutes les batailles ». Pour l’auteur, c’est la gouvernance du climat qui pourrait se montrer très conflictuelle dans la mesure où elle apparaît de plus en plus en plus couplée au numérique (notamment les systèmes de surveillance pour gérer les écosystèmes naturels).

Force est de reconnaître que l’Europe risque d’être totalement absente de cette nouvelle scène mondiale : « en Europe, nous n’avons pas encore suffisamment identifié les affrontements invisibles en cours susceptibles d’affecter directement notre positionnement international »

On ne pouvait pas ignorer le rôle des Nations Unies au cours de cette rencontre : Thomas Gomart a souligné que durant le mandat de Trump, le multilatéralisme avait reculé tout en laissant le champ libre à la Chine pour s’investir dans ce domaine. Il a surtout rappelé le rôle essentiel du Système des Nations Unies comparant les organisations internationales « à des roseaux qui retiennent un sol glissant ». Reliant la question de l’ONU à celle des droits de l’homme, il a rappelé par exemple que des sujets comme celui du transhumanisme étaient centraux.

Thomas Gomart, a conclu en évoquant le cas d’évènements imprévus qui s’immisceraient dans ce nouveau paysage international : l’Afrique a été évoquée, en raison de son poids démographique toujours croissant, mais sans devenir un acteur stratégique à court terme. Le cas de l’Inde et de la relation avec son voisin chinois pourrait faire bouger les lignes, mais rien n’est écrit d’avance : tout au plus peut-on espérer que l’Inde rentre au Conseil de sécurité, l’auteur rejoignant ainsi d’autre voix pressantes.

Et dans le livre de l’auteur, pour tous ceux qui veulent comprendre, faits et chiffres à l’appui, les profondes mutations contemporaines.

Une heure avec Thomas Gomart autour de son dernier livre « Guerres invisibles, nos prochains défis géopolitiques » (réunion zoom du 9 février 2021)

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